By Nolan Kowal, Sport Performance Specialist
Un jeune garçon se souviendra longtemps de l’épreuve de 1 500 mètres de patinage de vitesse à laquelle il a assisté lors des Jeux olympiques de Turin, en 2006.
Cindy Klassen se prépare à participer à cette épreuve et l’aperçoit dans les estrades, brandissant un drapeau canadien. Elle lui fait signe de s’approcher de la bande et dédicace son drapeau.
À son insu, le jeune garçon est également une grande source d’inspiration pour Cindy Klassen, qui se promet de lui montrer à quel point le patinage de vitesse peut être un sport intéressant.
Ce jour-là, de nombreux partisans canadiens présents à Turin agitent leur drapeau en son honneur, alors qu’elle devient la première athlète canadienne à remporter cinq médailles olympiques et la première patineuse de vitesse à remporter cinq médailles lors des mêmes Jeux olympiques.
Six courses ont lieu lors des Jeux olympiques de 2006 : elle rafle les médailles des cinq auxquelles elle participe. Elle décroche l’or au 1 500 m, l’argent au 1 000 m et en poursuite en équipe ainsi que le bronze au 3 000 m et au 5 000 m.
À la remise des médailles du 1 500 m, on lui offre également un bouquet de fleurs. Elle cherche alors des yeux le jeune garçon au drapeau canadien qui l’a inspirée et demande à ce que le bouquet de fleurs lui soit remis. En 2014, ce jeune garçon communique avec elle et lui demande de lui faire signe si elle visite Toronto un jour. Or, elle s’y trouve justement.
« Je suis allé voir le garçon et ses parents. Même après toutes ces années, il avait encore mes fleurs, qu’il avait fait sécher, et mon drapeau, désormais rempli de signatures de différents athlètes », témoigne Cindy Klassen.
Cindy Klassen n’a que 26 ans quand elle s’empare de ses médailles et du cœur de la foule. Elle chausse cependant des patins depuis longtemps, ayant rejoint l’équipe de hockey masculine dès l’âge de cinq ans.
« Elle jouait à la défense, mais pouvait remonter la rondelle en un clin d’œil. Un vrai coup de vent! On voyait déjà ses qualités athlétiques », se rappelle Jennifer Botterill, une joueuse de hockey de Winnipeg qui a également remporté trois titres olympiques.
L’objectif de Cindy Klassen est clair : participer aux Jeux olympiques de 1998 à Nagano, au Japon. Malheureusement, elle n’est pas retenue au sein de l’équipe olympique.
« La nouvelle m’a démolie. J’étais certaine que tout allait bien et que je participerais bientôt aux Jeux olympiques, se souvient-elle. J’avais comme plan de déménager à Calgary à l’automne 1997 pour y jouer dans l’équipe de hockey féminine. Quand j’ai su que je n’en ferai pas partie, j’ai décidé d’aller à l’Université du Manitoba et de jouer au hockey pour Winnipeg. »
Pendant qu’elle étudie au Mennonite Brethren Collegiate Institute, elle s’essaie au volleyball, au basketball, au badminton et même au rugby pendant un an. Or, après ses études, elle ne joue plus qu’au hockey.
« Mes parents m’ont alors demandé pourquoi je n’essayais pas le patinage de vitesse. Après tout, j’étais déjà une patineuse plutôt rapide au hockey. »
Elle s’inscrit donc à l’âge de 18 ans au club de patinage de vitesse de Winnipeg et fait ses premières armes au Sargent Park Oval.
« Je suis allée au premier entraînement en me disant que ce serait comme le hockey, seulement plus rapide et avec de longues lames de patins. Quelle erreur! J’en ai été quitte pour une bonne leçon d’humilité. Je pouvais à peine tenir sur mes lames et des enfants de cinq ans me dépassaient à toute vitesse. Je pensais que je m’en sortirais facilement, de façon pratiquement innée, mais ça a pris une tonne d’entraînements et de patience! »
Toutefois, elle est rapidement prête à passer à la prochaine étape de sa carrière de patineuse de vitesse.
« Après ma première année de patin, mes entraîneurs m’ont suggéré d’abandonner le hockey pour un an pour me concentrer sur le patin de vitesse. Alors à ma deuxième année, je me suis consacrée exclusivement au patin. J’ai décidé d’essayer de rejoindre l’équipe canadienne et de déménager à Calgary si je parvenais à réaliser ce rêve. Mais sincèrement, je me suis surprise moi-même quand je me suis qualifiée pour l’équipe nationale de développement. »
Elle participe aux Jeux d’hiver du Canada de 1999 à Corner Brook, à Terre-Neuve-et-Labrador. Cependant, aucune épreuve ne peut avoir lieu sur la glace en raison de la température douce. Elle s’y rend néanmoins, rencontre les autres patineurs, assiste aux épreuves et s’empreint de l’atmosphère.
En 2002, cinq ans seulement après son initiation au patin, elle participe à ses premiers Jeux olympiques, à Salt Lake City, où elle remporte le bronze au 3 000 m.
Elle enchaîne ensuite les succès à l’échelle internationale jusqu’aux Jeux olympiques suivants. En 2003, elle est la première Canadienne à être couronnée championne du monde toutes distances depuis que sa compatriote Sylvia Burka a décroché ce titre en 1976. En 2005, elle poursuit sur sa lancée et est sacrée championne mondiale au 1 500 m et au 3 000 m.
« Pour les Jeux olympiques de 2006, je me disais que ce serait bien d’améliorer mes résultats par rapport à mes premiers Jeux. J’aurais été heureuse d’atteindre seulement cet objectif. »
Or, elle y est décorée de cinq médailles et est même nommée porte-drapeau du Canada à la cérémonie de clôture. Le mois suivant, elle est couronnée championne du monde toutes distances après avoir raflé la médaille au 500 m, au 1 500 m, au 3 000 m et au 5 000 m. En 2006, ces victoires lui valent le trophée Lou Marsh, remis à l’athlète canadienne de l’année, et, pour une deuxième année consécutive, le prix Bobbie Rosenfeld, remis à l’athlète féminine canadienne de l’année.
Elle participe en 2010 à ses derniers Jeux olympiques, à Vancouver. En 2019, Cindy Klassen et Clara Hughes, toutes deux originaires de Winnipeg, sont les deux athlètes olympiques les plus décorées du Canada, avec six médailles chacune.
Cindy Klassen est nommée athlète de l’année en longue piste par Patinage de vitesse Canada en 2003, en 2005, en 2006 et en 2007 et partage le titre avec Catriona Le May Doan en 2001.
Athlète accomplie, elle participe aux Jeux d’hiver du Canada de 1995 en tant que joueuse de hockey et aux Jeux d’été du Canada de 2001 en tant que cycliste. Elle prend part aux compétitions de crosse des Jeux du Commonwealth de 1994 et aux épreuves de patinage de vitesse sur courte piste des Jeux panaméricains de 1999 à Winnipeg.
Elle est nommée athlète féminine de l’année du Manitoba par la Manitoba Sportswriters and Sportscasters Association en 2002, en 2003, en 2005 et en 2006.